Abolir la police et les prisons
Notre vision de la justice transformatrice s’ancre dans perspective abolitionniste à long-terme visant à démanteler l’État colonial canadien pour restaurer la souveraineté des nations autochtones sur leurs terres ainsi qu’à éliminer les prisons, la police et les tribunaux. Dans ce contexte, la justice transformatrice est une stratégie qui construit des pratiques et des modèles alternatifs de justice, qui sont fondés non pas sur la punition, mais sur la responsabilité et le soin communautaire.
Cela va bien au-delà de « ne pas appeler la police » ou « éviter le recours aux tribunaux » en cas de violence. Dans ce travail qui s’étendra sur plusieurs générations, nous devons forger et renforcer des pratiques et des outils qui permettent la responsabilité, la guérison et la transformation, tant à l’échelle individuelle que communautaire et institutionnelle.
Même si la police et les prisons génèrent et exacerbent de nombreuses violences, elles demeurent souvent les seuls recours pour de nombreuses personnes. Elles ne peuvent ainsi être simplement abolies sans combler le vide qu’elles laissent par de meilleures institutions et pratiques. La justice transformatrice offre une voie pour aller au-delà de l’optimisme cruel qui voudrait réformer police et prisons en des institutions capables de réellement répondre aux besoins de sécurité et de justice.
« La justice transformatrice repose sur la communauté, mais il ne suffit pas de simplement "ne pas appeler les flics". En effet, bon nombre de nos réponses communautaires à la violence peuvent s'avérer tout aussi nuisibles que celles de l'État, voire parfois plus destructrices sur le plan émotionnel, en raison des ruptures et des pertes qu'elles provoquent au sein des relations, des familles et des communautés. Bien que la réforme de l'État soit une démarche importante pour limiter les préjudices, la justice transformatrice met l'accent sur la communauté, car nous croyons que les possibilités de transformation sont plus nombreuses dans nos espaces communautaires que dans les structures étatiques. » - Mia Mingus
La justice transformatrice nous donne un cadre pour incarner des valeurs de bienveillance, de compassion et de responsabilité. Elle appelle à une transformation culturelle en bâtissant des relations de confiance fondée sur l’interdépendance et la dignité de chaque personne au sein de nos communautés.
Au-delà du présent, la justice transformatrice nous permet d'imaginer et de préparer un avenir abolitionniste. Nous croyons que ces horizons sont essentiels pour envisager un monde libre de l'État, de la police et des prisons, où les violences punitives sont minimisées. Un monde plus sûr, où les communautés prennent en main la gestion de la violence, en phase avec leurs valeurs.