En finir avec le patriarcat et imaginer d’autres masculinités
Il va sans dire que le patriarcat est une forme d’oppression fondamentale pour la justice transformatrice, puisque c’est souvent à des violences genrées patriarcales qu’elle répond. Notons que la plupart des violences structurelles sont commises par des hommes cisgenres envers des femmes et des personnes marginalisées en raison de leur genre.
La justice transformatrice s’attaque à déconstruire les normes patriarcales fondées sur la domination et la violence, comme la culture du viol et les conceptions toxiques de la masculinité qui présument, entre autres, un droit d’accès au corps des femmes. Les transformations nécessaires incluent non seulement le ré-empowerment des personnes qui ne sont pas des hommes cis, en particulier celles ayant vécu des violences sexuelles et de genre, mais aussi une refonte critique de la masculinité.
Nous voyons, avec bell hooks, la masculinité toxique comme un état d’atrophie et de rigidité émotionnelle, dont les hommes souffrent aussi. Imaginer une transformation et une responsabilisation des personnes ayant perpétré des violences sexuelles et genrées implique de créer des modèles alternatifs de masculinité plus sains et axés sur des qualités comme la vulnérabilité, l’honnêteté et l’intelligence émotionnelle. Suivant bell hooks, nous pensons que la véritable force ne réside pas dans le contrôle ou la domination, mais dans la capacité de se connecter émotionnellement et de s’engager de manière authentique avec les autres. Cette perspective offre aux hommes, qui sont le plus souvent ceux qui commettent les violences, une porte ouverte vers la transformation, une opportunité de rompre avec la construction violente et contraignante de la masculinité, ainsi que la possibilité de s’ouvrir à des relations plus nourrissantes et respectueuses.
En outre, dans une perspective féministe du care, la justice transformatrice propose une approche émancipatrice des liens communautaires et de la prise en charge collective de la violence, qui devient une fondation horizontale de la société, en rupture avec les modèles hiérarchiques et patriarcaux de la justice pénale. Ce modèle exige une remise en question profonde des normes patriarcales implicites dans notre société.