3. Pour se transformer et transformer nos communautés
La justice transformatrice appelle un changement en profondeur des comportements, croyances, attitudes et habitudes qui alimentent, tolèrent ou confortent la violence. L’objectif est de soutenir les comportements qui favorisent la connexion, la sécurité, la dignité, le sentiment d’appartenance à une communauté, et l’épanouissement de chacun-e. Cela passe par un parcours d’apprentissage où l’on apprend à reconnaître ses émotions, ses besoins, ses désirs et ses limites, tout en apprenant à les exprimer clairement et à accueillir ceux des autres, que l’on ait subi ou commis de la violence, ou qu’on fasse partie de la communauté concernée. Comme le souligne Generation FIVE, on peut envisager la justice transformatrice comme « un processus dynamique qui offre l’opportunité d’agir tout en réfléchissant, en apprenant, en développant notre conscience (à la fois personnelle et collective) et en tissant des liens. »
Fondamentalement, la justice transformatrice engage aussi les communautés dans un processus de transformation à travers des démarches de responsabilité et de guérison, tout en cherchant à changer les dynamiques systémiques d’oppression sous-jacentes. Ces processus de justice aident à mettre en lumière les problématiques au sein d’une communauté, d’une institution ou d’une organisation qui doivent être transformées pour prévenir des violence futures et créer un environnement plus sûr, juste et épanouissant.
Pour mieux saisir les étapes d’une démarche de transformation qui touche à nos façons d’être plutôt qu’à une simple transformation des idées, nous apprécions le cadre développé par Generative Somatics. Cette organisation allie guérison somatique et justice sociale. En tenant compte de l'impact des traumatismes, des oppressions systémiques et des structures de pouvoir sur le corps, elle s’efforce de créer des pratiques de transformation incarnées et durables, pour renforcer notre capacité à répondre aux défis de notre époque tout en restant fidèles à nos valeurs profondes.
Corps et Engagements :
Il est essentiel de commencer par identifier nos engagements. Qu’est-ce que nous souhaitons incarner? Qui voulons-nous être? Quels sont nos désirs et nos aspirations?
À ce stade, il est également important de comprendre le lien entre le corps et l’esprit, et comment notre corps peut devenir un allié dans le processus de transformation. Cela nécessite d’accroître notre conscience somatique, en reconnaissant comment nos idées, comportements et émotions se manifestent dans notre corps, à travers nos mouvements, sensations et images.
Il s’agit d’apprendre à utiliser les ressources de notre corps (respiration, ancrage, centrage, mouvements, orientation, fonctionnement du système nerveux, etc.), pour développer notre capacité à répondre avec intention plutôt qu’à réagir impulsivement.
Conditionnements :
Il est crucial de prendre conscience de nos conditionnements et automatismes, que ce soit sur le plan des pensées, émotions, comportements, imaginaires ou physiologie. Cela implique de favoriser la sécurité, la connexion et la dignité, des éléments qui renforcent notre confiance et notre capacité à relever des défis.
Soutenir la résilience, c’est-à-dire notre capacité à retrouver un état de connexion, de présence et d'alignement après un traumatisme ou un stress.
Ouverture somatique :
C’est le moment d’ouvrir le corps et de libérer les schémas et narratifs historiques.
C’est une phase de désorganisation et de découverte, où l’on ne sait pas encore ce que l’on va devenir. Cela exige un lâcher-prise et une capacité à tolérer l’inconfort de l’inconnu.
Il s’agit également d’accroître notre capacité émotionnelle, tant avec nos propres émotions qu’avec celles des autres.
Connexion :
Renforcer la connexion, la confiance et l’authenticité.
Développer notre capacité à engager des conflits de manière constructive.
Cultiver des relations fondées sur la réciprocité.
Pratiques incarnées : Les actions que nous entreprenons au quotidien s’enracinent dans nos corps et nous façonnent. Nos pratiques créent nos automatismes dans nos actions, émotions, imaginaires et pensées. Pour opérer un changement durable dans nos comportements et notre mentalité, il est essentiel d’incarner de nouveaux comportements, à travers des pratiques intentionnelles qui soient en adéquation avec nos engagements. Cela nous permet de développer de nouvelles compétences incarnées, qui seront accessibles lorsque nous ferons face à des situations stressantes et difficiles à l’avenir, plutôt que de retomber dans nos anciennes habitudes.